Le 9 novembre prochain, Marine Le Pen se rendra à Bourges, au Palais d’Auron, pour l’unique meeting organisé par les candidats frontistes de la région dans la perspective des élections régionales de décembre. Pour préparer l’événement, on peut compter sur la tête de liste Philippe Loiseau bien sûr, mais aussi sur toute la nouvelle génération de militants frontistes qui ne manqueront pas d’entourer leur chère présidente à la tribune. Ce qu’on se demande, c’est si Julie Apricena, la secrétaire départemental du Cher du FNJ, invitera aussi ses amis néonazis à venir lui serrer la main…
Interrogée la semaine dernière à Besançon sur la présence de néonazis au sein du FN, Marine Le Pen a déclaré : « Pour moi, des personnes qui s’autoproclament néonazis, je n’accorde pas la moindre autorité à leur parole, la moindre, par conséquent, si ces personnes disent cela, c’est parce qu’ils ont une volonté de nuire au Front national ». Difficile de la croire quand on voit le profil de la secrétaire départementale du FNJ qui l’accueillera à Bourges le 9 novembre prochain.
Julie Apricena, née en novembre 1991, fait en effet partie de ces jeunes militants FN que le parti aime à mettre en avant, afin de rajeunir son image : tout sourire sur les affiches aux élections départementales et cantonales, on la retrouve régulièrement aux côtés de Philippe Loiseau, et elle pose fièrement avec les principaux responsables du FN, toutes tendances confondues, de Bruno Gollnisch à Florian Philippot.
Mais cette ancienne militante du Bloc identitaire connue sous le pseudonyme de Laura Dupond a aussi un côté obscur, peu conforme aux canons frontistes actuels : car elle aime à passer du temps avec des néonazis du 58, à Nevers et Garchizy, comme son copain Alexandre Talbot, alias Alex Berry, proche de l’Avaricum SkinHead Crew (ASHC). Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’on a pu constater une certaine proximité entre le ASHC et le Front national, puisque au moins deux de ses membres, Mickael Renuy et Michael Canot, ont assuré la protection rapprochée de Marine Le Pen en novembre 2014 lors de ses déplacements en Bourgogne (voir la vidéo réalisée par le groupe antifasciste la RAFI).
Legentil, Julie le trouve sympa
Le t-shirt de Julie à la gloire de la suprématie blanche, c’est peut-être d’ailleurs un de ses autres amis néonazis, Sébastien Legentil, qui lui a commandé sur internet, lui qui gère un site de vente en ligne de babioles fascistes[1]. Ce Legentil n’est d’ailleurs pas pour nous un inconnu : alors que Julie n’était encore qu’une enfant, dans les années 1990, notre skinhead réalisait déjà un fanzine de musique néonazie, Sound of Hammer, et traînait dans la mouvance nationaliste, en particulier autour de la revue Réfléchir et Agir et du groupuscule nationaliste-révolutionnaire Unité radicale, dont certains dirigeants, comme Fabrice Robert, fonderont en 2002 le Bloc Identitaire[2].
Legentil a d’ailleurs fait venir dans la région Fabrice Robert et son groupe de RAC[3] Fraction Hexagone en octobre 1995, pendant le Printemps de Bourges. Notre mélomane s’est ensuite rapproché de Terre & Peuple, tout en poursuivant ses activités musicales, en devenant le chanteur (catastrophique) du groupe de metal Wolfsangel, dont le nom désigne un symbole utilisé par la division SS Das Reich, repris fréquemment par des groupes d’extrême droite, comme Svoboda en Ukraine, par exemple. La tête de liste FN Philippe Loiseau, qui faisait partie dans sa jeunesse du groupe de hard rock Les Déglingués (en référence à la Souris déglinguée ?), appréciera-t-il la douce poésie des paroles de Wolfsangel : « Pas d’pitié, pas d’pardon / Mais une juste pendaison / Envahisseur quitte ce pays / Ou tu y perdras la vie » ?
Dernièrement, Legentil a participé à un groupe de « nationalistes autonomes » (comprendre : des skins fafs sans amis) appelé le Front des Patriotes, et qui regroupait principalement des militants de Limoges et de Bourges, dont Loic Delboy, responsable en France du réseau néonazi Blood & Honour. Le groupe a participé, en 2013-2013, aux marches parisiennes organisées le deuxième week-end de mai par Serge Ayoub, dirigeants du groupuscule Troisième Voie, auxquels appartenaient les responsables de la mort du jeune antifasciste Clément Méric.
Une histoire de famille
Mais dans la famille Apricena, l’extrême droite, on a ça dans le sang, et Julie n’est pas la seule à avoir de drôles de fréquentations. Son frère Pierre Apricena, pourtant le plus ambitieux du groupe, tête de liste FN aux élections municipales de 2014 à Garchizy dans la Nièvre (il obtiendra 266 voix au second tour, une vraie star), n’hésite pas à taper de temps en temps une petite quenelle, le geste popularisé par l’antisémite Dieudonné.
La grande sœur, Kathy, n’hésite pas non plus à s’afficher avec des militants de l’extrême droite radicale, comme le montre cette affiche pour les élections départementales de 2015, dans le canton de Fourchambault, avec Stéphane Somazzi, candidat du Bloc identitaire aux cantonales de 2011. L’intégration de militants de l’extrême droite radicale dans la région est d’ailleurs une habitude : Damien Baudry, lui aussi du Bloc identitaire, partageait déjà l’affiche de la candidate FN Valérie Renard aux municipales de 2014, et celle de la candidate FN Jennifer Verrain aux départementales de 2015.
Marine Le Pen aura plein de choses à discuter avec la jeune Julie : nous, on attend avec impatience les photos où on pourra les voir bras dessus, bras dessous !